Ententes et pratiques anticoncurrentielles - secteur viticole - Avity - Cabinet d'avocats

 

 

Le 17 juillet 2024, l’Autorité de la concurrence a infligé une amende de 500 000 euros à une société viticole et à sa société mère pour des pratiques anticoncurrentielles dans la vente de vins sous Indication Géographique Protégée (IGP). Ces pratiques sont qualifiées d’entente verticale, où la société a imposé des prix de revente minimaux à ses distributeurs, restreignant ainsi la liberté tarifaire sur une période de plus de trois ans.

Les ententes et les pratiques anticoncurrentielles sont des concepts centraux en droit de la concurrence. Ils désignent des comportements d’entreprises qui visent à restreindre ou fausser le libre jeu du marché. L’affaire récente impliquant une société viticole, condamnée à une amende de 500 000 euros pour avoir imposé des prix de revente minimaux à ses distributeurs, est un exemple typique de la manière dont ces pratiques peuvent altérer la concurrence.

Qu’est-ce qu’une entente ?

Une entente est un accord, explicite ou implicite, entre plusieurs entreprises qui vise à limiter la concurrence. Les ententes peuvent être horizontales (entre concurrents opérant au même niveau de la chaîne d’approvisionnement) ou verticales (entre entreprises à différents niveaux, comme un fournisseur et ses distributeurs).

L’entente est considérée comme une pratique anticoncurrentielle lorsqu’elle a pour effet de fausser la concurrence sur un marché, notamment en contrôlant les prix, les volumes de production ou en se partageant des parts de marché. L’article L. 420-1 du Code de commerce interdit les ententes dès lors qu’elles portent atteinte à la concurrence.

Dans le cas de la société viticole sanctionnée, l’entente concernait un accord vertical, par lequel l’entreprise imposait des prix de revente minimaux à ses distributeurs, notamment sur ses vins et Armagnacs. Ce type de pratique est particulièrement répréhensible en droit de la concurrence car il empêche les distributeurs de fixer librement leurs prix, limitant ainsi la capacité des consommateurs à bénéficier de prix compétitifs​.

Ententes et pratiques anticoncurrentielles : quel lien ?

Une pratique anticoncurrentielle regroupe l’ensemble des comportements des entreprises qui cherchent à restreindre la concurrence, incluant les ententes, mais aussi d’autres pratiques comme les abus de position dominante ou certaines formes de concentration d’entreprises. L’entente est donc une sous-catégorie de pratiques anticoncurrentielles, parmi les plus surveillées par les autorités de concurrence.

Dans les faits, une entente peut se traduire par un accord visant à :

  • Fixer des prix (comme dans l’affaire de la société viticole).
  • Répartir des marchés ou des clients.
  • Restreindre les volumes de production.
  • Empêcher l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché.

Les ententes verticales, comme celle mise en place par la société viticole, concernent plus particulièrement les relations entre un fournisseur et ses distributeurs. Ici, l’entreprise limitait la liberté tarifaire de ses distributeurs en leur imposant un prix minimum de revente. Cela a pour effet direct de fausser le jeu de l’offre et de la demande, créant une situation où la concurrence ne joue plus son rôle naturel de régulateur de prix​.

L’impact des pratiques anticoncurrentielles sur le marché

Les pratiques anticoncurrentielles, et plus spécifiquement les ententes, affectent directement la structure et le fonctionnement du marché. Lorsqu’une entreprise impose des prix minimaux à ses distributeurs, comme dans cette affaire, elle empêche ces derniers de fixer leurs propres prix en fonction des conditions du marché, privant ainsi les consommateurs de la possibilité de bénéficier de prix plus compétitifs.

Les conséquences des ententes sur la concurrence sont multiples :

  • Hausse des prix pour les consommateurs.
  • Réduction de l’innovation tarifaire et des stratégies de différenciation entre distributeurs.
  • Concentration des acteurs les plus puissants, au détriment des plus petits, moins capables de résister aux contraintes tarifaires imposées.

Dans cette affaire, l’Autorité de la concurrence a jugé que l’entente mise en place par la société viticole, en restreignant la concurrence sur les prix, avait eu un impact négatif sur les consommateurs finaux. L’imposition de prix de revente minimaux constitue une restriction par objet, ce qui signifie que cette pratique est jugée nocive par sa simple existence, sans qu’il soit nécessaire de démontrer ses effets concrets sur le marché.

Les sanctions prévues pour ces pratiques

Les pratiques anticoncurrentielles, et en particulier les ententes, font l’objet de sanctions sévères. Dans le cas de la société viticole, l’Autorité de la concurrence a infligé une amende de 500 000 euros en raison de la gravité de l’entente et de sa durée (plus de trois ans). En acceptant une procédure de transaction, la société a reconnu les faits sans contester les pratiques, ce qui a permis de fixer la sanction dans une fourchette prédéterminée.

Les sanctions pour des pratiques anticoncurrentielles visent à dissuader les entreprises de telles actions. Elles incluent des amendes, mais peuvent aussi s’étendre à des restrictions d’activité, voire à des poursuites pénales en cas de récidive ou de pratiques particulièrement graves.

Cette affaire montre que les ententes verticales et autres pratiques anticoncurrentielles peuvent exposer les entreprises à de lourdes sanctions financières et nuire à leur réputation. Si vous êtes une entreprise opérant dans un secteur réglementé ou si vous souhaitez vous assurer que vos pratiques commerciales respectent les règles de concurrence, il est essentiel de procéder à une analyse préalable en droit de la concurrence. Il est impératif d’évaluer les risques juridiques des accords commerciaux, anticiper les sanctions potentielles et à mettre en place des politiques conformes à la législation en vigueur.